Sujet :

La femme, l'homme !

Bettyy
   Posté le 07-04-2004 à 00:14:58   

Tous les poèmes suivants sur les yeux ont été copiés -collés sur : http://www.historel.net/poesies/poesie15.htm

Les yeux - (Sully Prudhomme 1839-1907 )

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore.

Les nuits, plus douces que les jours,
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours,
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux,
Les yeux qu'on ferme voient encore.

(Stances de La Vie Intérieure)
Bettyy
   Posté le 07-04-2004 à 00:16:37   

Les yeux lointains - (Jules Supervielle 1884-1960)

Chers yeux si beaux qui cherchez un visage,
Vous si lointains, cachés par d'autres âges,
Apparaissant et puis disparaissant
Dans la brise et le soleil naissant,

Et d'un léger battement de paupières,
Sous le tonnerre et les célestes pierres
Ah ! protégés de vos cils seulement
Chers yeux livrés aux tristes éléments.

Que voulez-vous de moi, de quelle sorte
Puis-je montrer, derrière mille portes,
Que je suis prêt à vous porter secours,
Moi, qui ne vous regarde qu'avec l'amour.

(Le Forçat innocent)
Bettyy
   Posté le 07-04-2004 à 00:17:58   

LES YEUX FERTILES - ( Paul Eluard 1895-1952)

On ne peut me connaître
Mieux que tu me connais
Tes yeux dans lesquels nous dormons
Tous les deux,
Ont fait à mes lumières d'homme
Un sort meilleur qu'aux nuits du monde.

Tes yeux dans lesquels je voyage
Ont donné aux gestes des routes
Un sens détaché de la terre.

Dans tes yeux ceux qui nous révèlent
Notre solitude infinie
Ne sont plus ce qu'ils croyaient être.
On ne peut te connaître, mieux que je te connais.

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens
Elle a la forme de mes mains
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir,
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils...

(Mourir de ne pas mourir)
Bettyy
   Posté le 07-04-2004 à 00:20:22   

LES YEUX D'ELSA - ( Louis Aragon 1897-1982 )

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir s'y mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés,
Tes yeux sont si profonds que j'y perd la mémoire.

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure.

Une bouche suffit au mois de Mai, des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les " hélas ! "
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux.

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août.

J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
O paradis cent fois retrouvé, reperdu,
Tes yeux sont mon Pérou, ma Colconde, mes Indes

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que des naufrageurs enflammèrent,
Moi, je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa... les yeux d'Elsa... les yeux d'Elsa ...

(Elsa, de Louis Aragon)
Bettyy
   Posté le 07-04-2004 à 00:22:06   

Le miroir de l'âme (Jean-Claude Brinette )

Les yeux sont le reflet de l'âme
Des âmes claires, pures, grandes ouvertes
Yeux brûlants vifs comme une flamme
Yeux profonds comme une mer toute claire...

Yeux coquins, sournois, maquillés,
Perçants, froncés, crispés, serrés,
Agacés, Tristes, hagards, mouillés,
Veloutés, Sincères, Rassurés,

Yeux qu'on croise un jour par hasard
Déclenchant un feu d'étincelles
Alors que mille autres regards
Se noient dans le monde matériel !

Pourquoi parler, vouloir paraître ?
Quand un seul regard nous suffit
Pour voir l'art d'un tableau de Maître,
La perfection d'une goutte de pluie ?

Les yeux sont le guide de la vie,
Ils nous préviennent, extériorisent :
La joie, les pleurs, la sympathie,
La douleur, le bonheur limpide...

Il est dans les étoiles, des mondes,
Cachés et ignorés des hommes,
Où anges et yeux purs se confondent,
Dans la grande lumière d'un royaume...
Bettyy
   Posté le 11-04-2004 à 18:50:18   



Jean-Claude Brinette

78. M A R I L Y N (Monroe ou Norma Becker : 1926-1962)

Elle est douce et gentille
Peut-être un peu naïve ?
Elle a un visage d'ange,
Des dents blanches éclatantes,
Une mèche sur la joue
Des lèvres toutes rouges
Des cils qui illuminent
Deux prunelles qui scintillent.
Naturelle et si belle,
On aime "TOUT" en elle :

- Ses yeux pleins de lumière
- Sa taille si familière
- Ses longs cheveux bouclés
- ses rubans enlacés
- Son superbe décolleté
Plein de féminité...

Un soupçon exaltée
Elle n(e) fait rien à moitié :
Elle reçoit et elle donne,
Elle souffre et s'abandonne,
Elle aime passionnément,
C'est son tempérament,

Elle ne peut plus mentir !
Elle préfère mieux... partir !
Au sommet de la gloire
Sa peur de décevoir,
Un soir l'a emporté,
Et jamais réveillé.

Elle vieillira jamais, c'était là son destin,
D'aller un peu plus vite : où nous irons demain !
Les hommes sont égoïstes, ils font du mal aux fleurs
Parce qu'elles sont sans défense et rêvent de bonheur...

Parfois, on la revoit avec son air de fête
Sur une épaule amie, poser doucement sa tête
O feux de la caméra ! qui traversez le temps
Faites-nous revivre souvent " le meilleur des instants..."
Bettyy
   Posté le 11-04-2004 à 19:21:10   



Arthur Rimbaud (1854-1891))

OPHELIE

I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles ...
On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid d'où s'échappe un petit frisson d'aile:
Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

II
Ô pâle Ophélia, belle comme la neige!
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté;
C'est qu'un souffle inconnu, fouettant ta chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits;
Que ton cœur entendait la voix de la Nature
Dans les plaines de l'arbre et les soupirs des nuits;

C'est que la voix des mers, comme un immense râle,
Brisait ton sein d'enfant trop humain et trop doux;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit, muet, à tes genoux !
Ciel, Amour, Liberté : quel rêve, ô pauvre Folle!
Tu te fondais à lui comme une neige au feu:
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton œil bleu.

III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys !


fredchoucas
   Posté le 10-05-2004 à 17:18:37   

L’Homme ( Alphonse de Lamartine )

Méditations poétiques

À Lord Byron

Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom,
Esprit mystérieux, mortel, ange, ou démon,
Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie,
J’aime de tes concerts la sauvage harmonie,
Comme j’aime le bruit de la foudre et des vents
Se mêlant dans l’orage à la voix des torrents !
La nuit est ton séjour, l’horreur est ton domaine :
L’aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine ;
Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés
Que l’hiver a blanchis, que la foudre a frappés ;
Des rivages couverts des débris du naufrage,
Ou des champs tout noircis des restes du carnage.
Et, tandis que l’oiseau qui chante ses douleurs
Bâtit au bord des eaux son nid parmi les fleurs,
Lui, des sommets d’Athos franchit l’horrible cime,
Suspend aux flancs des monts son aire sur l’abîme,
Et là, seul, entouré de membres palpitants,
De rochers d’un sang noir sans cesse dégouttants,
Trouvant sa volupté dans les cris de sa proie,
Bercé par la tempête, il s’endort dans sa joie.

Et toi, Byron, semblable à ce brigand des airs,
Les cris du désespoir sont tes plus doux concerts.
Le mal est ton spectacle, et l’homme est ta victime.
Ton oeil, comme Satan, a mesuré l’abîme,
Et ton âme, y plongeant loin du jour et de Dieu,
A dit à l’espérance un éternel adieu !
Comme lui, maintenant, régnant dans les ténèbres,
Ton génie invincible éclate en chants funèbres ;
Il triomphe, et ta voix, sur un mode infernal,
Chante l’hymne de gloire au sombre dieu du mal.
Mais que sert de lutter contre sa destinée ?
Elle n’a comme l’oeil qu’un étroit horizon.
Ne porte pas plus loin tes yeux ni ta raison :
Hors de là tout nous fuit, tout s’éteint, tout s’efface ;
Dans ce cercle borné Dieu t’a marqué ta place.
Comment ? pourquoi ? qui sait ? De ses puissantes mains
Il a laissé tomber le monde et les humains,
Comme il a dans nos champs répandu la poussière,
Ou semé dans les airs la nuit et la lumière ;
Il le sait, il suffit : l’univers est à lui,
Et nous n’avons à nous que le jour d’aujourd’hui !

Notre crime est d’être homme et de vouloir connaître :
Ignorer et servir, c’est la loi de notre être.
Byron, ce mot est dur : longtemps j’en ai douté ;
Mais pourquoi reculer devant la vérité ?
Ton titre devant Dieu c’est d’être son ouvrage !
De sentir, d’adorer ton divin esclavage ;
Dans l’ordre universel, faible atome emporté,
D’unir à tes desseins ta libre volonté,
D’avoir été conçu par son intelligence,
De le glorifier par ta seule existence !
Voilà, voilà ton sort. Ah ! loin de l’accuser,
Baise plutôt le joug que tu voudrais briser ;
Descends du rang des dieux qu’usurpait ton audace ;
Tout est bien, tout est bon, tout est grand à sa place ;
Aux regards de celui qui fit l’immensité,
L’insecte vaut un monde : ils ont autant coûté !

Mais cette loi, dis-tu, révolte ta justice ;
Elle n’est à tes yeux qu’un bizarre caprice,
Un piège où la raison trébuche à chaque pas.
Confessons-la, Byron, et ne la jugeons pas !
Comme toi, ma raison en ténèbres abonde,
Et ce n’est pas à moi de t’expliquer le monde.
Que celui qui l’a fait t’explique l’univers !
Plus je sonde l’abîme, hélas ! plus je m’y perds.
Ici-bas, la douleur à la douleur s’enchaîne.
Le jour succède au jour, et la peine à la peine.
Borné dans sa nature, infini dans ses voeux,
L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux ;
Soit que déshérité de son antique gloire,
De ses destins perdus il garde la mémoire ;
Soit que de ses désirs l’immense profondeur
Lui présage de loin sa future grandeur :
Imparfait ou déchu, l’homme est le grand mystère.
Dans la prison des sens enchaîné sur la terre,
Esclave, il sent un coeur né pour la liberté ;
Malheureux, il aspire à la félicité ;
Il veut aimer toujours, ce qu’il aime est fragile !
Tout mortel est semblable à l’exilé d’Eden :
Lorsque Dieu l’eut banni du céleste jardin,
Mesurant d’un regard les fatales limites,
Il s’assit en pleurant aux portes interdites.
Il entendit de loin dans le divin séjour
L’harmonieux soupir de l’éternel amour,
Les accents du bonheur, les saints concerts des anges
Qui, dans le sein de Dieu, célébraient ses louanges ;
Et, s’arrachant du ciel dans un pénible effort,
Son oeil avec effroi retomba sur son sort.

bambi
   Posté le 26-08-2004 à 15:54:11   

Lorsque


Le vent se fait tempête lorsque ton corps exige,
L'océan hurle sa colère en de longs jets d'écume dense,
La nuit allume des soleils immenses,
Et quant ton corps effleure le mien, alors la vie se fige.

Lorsque ta hanche hésite, quand mon corps s'impatiente,
Le vent retient son souffle, attentif et curieux,
Lorsque je murmure mon aveu,
Alors la nuit revient protégeant mon attente.


Quand ta main me caresse, quand tout autour frémit,
L'océan calme sa fureur son rythme s'alanguit,
L'ardeur de tes caresses se fait douleur, devient délice,
L'ombre aveugle se fait complice.


Puis brillent des millions d'étoiles lorsque tu deviens mien,
Emportés par les océans, nous voguons dans nos maintenants,
Viens, donne-moi la main,
Jusqu'au petit matin, jusqu'à la fin des temps.


Lorsque mes yeux seront fermés,
Je hummerai avec délices ton parfum d'homme satisfait,
Alors j'aurai aux lèvres des mots muets
Pour te parler d'éternité.