Sujet : Félix Leclerc | | Posté le 04-04-2004 à 05:06:20
| Le p'tit bonheur C'était un petit bonheur Que j'avais ramassé Il était tout en pleurs Sur le bord d'un fossé Quand il m'a vu passer Il s'est mis à crier: "Monsieur, ramassez-moi Chez vous amenez-moi Mes frères m'ont oublié, je suis tombé, je suis malade Si vous n'me cueillez point, je vais mourir, quelle ballade ! Je me ferai petit, tendre et soumis, je vous le jure Monsieur, je vous en prie, délivrez-moi de ma torture" J'ai pris le p'tit bonheur L'ai mis sous mes haillons J'ai dit: " Faut pas qu'il meure Viens-t'en dans ma maison " Alors le p'tit bonheur A fait sa guérison Sur le bord de mon cœur Y avait une chanson Mes jours, mes nuits, mes peines, mes deuils, mon mal, tout fut oublié Ma vie de désœuvré, j'avais dégoût d'la r'commencer Quand il pleuvait dehors ou qu'mes amis m'faisaient des peines J'prenais mon p'tit bonheur et j'lui disais: "C'est toi ma reine" Mon bonheur a fleuri Il a fait des bourgeons C'était le paradis Ça s'voyait sur mon front Or un matin joli Que j'sifflais ce refrain Mon bonheur est parti Sans me donner la main J'eus beau le supplier, le cajoler, lui faire des scènes Lui montrer le grand trou qu'il me faisait au fond du cœur Il s'en allait toujours, la tête haute, sans joie, sans haine Comme s'il ne pouvait plus voir le soleil dans ma demeure J'ai bien pensé mourir De chagrin et d'ennui J'avais cessé de rire C'était toujours la nuit Il me restait l'oubli Il me restait l'mépris Enfin que j'me suis dit: Il me reste la vie J'ai repris mon bâton, mes deuils, mes peines et mes guenilles Et je bats la semelle dans des pays de malheureux Aujourd'hui quand je vois une fontaine ou une fille Je fais un grand détour ou bien je me ferme les yeux ...Je fais un grand détour ou bien je me ferme les yeux... |
| | Posté le 04-04-2004 à 05:07:50
| L'hymne au printemps Les blés sont mûrs et la terre est mouillée Les grands labours dorment sous la gelée L'oiseau si beau, hier, s'est envolé La porte est close sur le jardin fané... Comme un vieux râteau oublié Sous la neige je vais hiverner Photos d'enfants qui courent dans les champs Seront mes seules joies pour passer le temps Mes cabanes d'oiseaux sont vidées Le vent pleure dans ma cheminée Mais dans mon cœur je m'en vais composer L'hymne au printemps pour celle qui m'a quitté Quand mon amie viendra par la rivière Au mois de mai, après le dur hiver Je sortirai, bras nus, dans la lumière Et lui dirai le salut de la terre... Vois, les fleurs ont recommencé Dans l'étable crient les nouveau-nés Viens voir la vieille barrière rouillée Endimanchée de toiles d'araignée Les bourgeons sortent de la mort Papillons ont des manteaux d'or Près du ruisseau sont alignées les fées Et les crapauds chantent la liberté Et les crapauds chantent la liberté... |
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