Sujet : Le poète, la musique ! | | Posté le 31-03-2004 à 01:35:24
| Charles Baudelaire La musique souvent me prend comme une mer! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ; La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre ; Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir De mon désespoir! |
| | Posté le 10-05-2004 à 16:58:32
| Les poètes Au siècle qui s'en vient hommes et femmes fortes Nous lutterons sans maîtres au loin des cités mortes Sur nous tous les jours le guillotiné d'en haut Laissera le sang pleuvoir sur nos fronts plus beaux. Les poètes vont chantant Noël sur les chemins Célébrant la justice et l'attendant demain Les fleurs d'antan se sont fanées et l'on n'y pense plus Et la fleur d'aujourd'hui demain aura vécu. Mais sur nos cœurs des fleurs séchées fleurs de jadis Sont toujours là immarcescibles à nos cœurs tristes Je marcherai paisible vers les pays fameux Où des gens s'en allaient aux horizons fumeux Et je verrai les plaines où les canons tonnèrent Je bercerai mes rêves sur les vastes mers Et la vie hermétique sera mon désespoir Et tendre je dirai me penchant vers Elle un soir Dans le jardin les fleurs attendent que tu les cueilles Et est-ce pas ? ta bouche attend que je la veuille ? Ah ! mes lèvres ! sur combien de bouches mes lèvres ont posé Ne m'en souviendrai plus puisque j'aurai les siennes Les siennes Vanité ! Les miennes et les siennes Ah ! sur combien de bouches les lèvres ont posé Jamais jamais heureux toujours toujours partir Nos pauvres yeux bornés par les grandes montagnes Par les chemins pierreux nos pauvres pieds blessés Là-bas trop [près] du but notre bâton brisé Et la gourde tarie et la nuit dans les bois Les effrois et les lèvres l'insomnie et les voix La voix d'Hérodiade en rut et amoureuse Mordant les pâles lèvres du Baptiste décollé Et la voix des hiboux nichés au fond des yeuses Et l'écho qui rit la voix la voix des en allés Et la voix de folie et de sang le rire triste De Macbeth quand il voit au loin la forêt marcher Et ne songe pas à s'apercevoir des reflets d'or Soleil des grandes lances des dendrophores Guillaume Apollinaire (1880 - 1918) |
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