Sujet :

Quel type d'intelligence a votre enfant ?

bambi
   Posté le 22-04-2004 à 15:44:47   

De longues années d'observation m'ont permis de découvrir qu'il existe trois modes d'intelligence bien spécifiques. J'ai de plus constaté que lorsqu'un enfant est respecté dans sa manière d'apprendre, il démontre plus d'intérêt, il s'épanouit davantage, devient plus créateur et par conséquent beaucoup plus heureux.

Mon but en développant ce sujet n'est pas d'étiqueter les enfants et les adultes et de les confiner dans une catégorie qui leur fermerait l'accès aux autres modes d'apprentissage. Je veux plutôt donner aux éducateurs un outil qui leur permettra d'entrer chez l'éduqué par sa propre porte plutôt que de passer par la fenêtre. Je m'explique : si vous entrez dans l'appartement ou la maison d'une personne par la fenêtre, il y a de fortes possibilités que vous ne soyez pas accueilli avec gentillesse. C'est le cas des enfants à qui on essaie de faire assimiler des connaissances par des moyens qui ne conviennent pas du tout à leur façon d'apprendre. Pour les respecter et les atteindre, il suffit de les observer pour découvrir s'ils ont une intelligence spéculative, pratique ou sensitive, autrement dit, il suffit de savoir s'ils sont rationnels, pragmatiques ou esthètes.

Les rationnels
Les pragmatiques
Les esthètes
L'éducateur et les types d'intelligence
Le parent pragmatique et l'enfant esthète
Le parent rationnel et l'enfant pragmatique
Le parent esthète et l'enfant rationnel

bambi
   Posté le 22-04-2004 à 15:45:24   

Les rationnels
La personne douée d'une intelligence rationnelle se caractérise généralement par un esprit analytique développé. Elle apprend facilement à structurer ses idées. Sa capacité de concentration intellectuelle est remarquable. Ainsi sera-t-il possible pour l'enfant rationnel de rester attentif en classe et d'écouter avec intérêt les explications de l'enseignant. Il n'aura pas de mal à se concentrer sur ses devoirs et ses leçons parce qu'il est doté d'une grande curiosité intellectuelle. Il a besoin de savoir et de comprendre. Les travaux intellectuels de longue haleine ne le rebutent pas parce qu'il a le sens de l'abstraction.

Son rapport à l'abstraction lui permet d'être à l'aise avec les objectifs à long terme puisque le temps est une notion abstraite. Quand on lui dit, par exemple, qu'il réussira à la fin de l'année s'il travaille bien maintenant, il comprendra et sera motivé à bien étudier.

Sur le plan affectif, le rationnel éprouve certaines difficultés parce qu'il essaie d'aborder le monde émotionnel comme le monde de la connaissance rationnelle. Il a tendance à rationaliser l'émotion. Il cherche à l'expliquer et à l'analyser plutôt qu'à la vivre. Il fait de même avec celle des autres, ce qui l'empêche dans plusieurs cas de vivre des relations d'intimité profonde. C'est un enfant qui a besoin d'être satisfait et respecté dans son grand besoin de comprendre et de connaître et, sur ce point, l'école est faite pour lui. Il fait partie de ceux qui réussissent bien leurs études. Cependant, il a aussi besoin d'apprendre à apprivoiser son monde intérieur. Autrement, ses relations affectives risquent d'être privées de manifestations de tendresse, de chaleur et de souplesse et il en sera profondément malheureux.

Comme il est généralement très sensible, il n'aura pas de mal, avec une approche éducative appropriée, à ouvrir la porte de son cœur pour découvrir la mouvance qui l'habite. C'est aussi le cas des pragmatiques.

bambi
   Posté le 22-04-2004 à 15:46:00   

Les pragmatiques
Avez-vous un enfant qui ne reste pas en place, un enfant qui aime parler, bouger, agir? C'est probablement un pragmatique, quelqu'un qui apprend par le «faire». Autant le rationnel est un être de tête et de pensée, autant le pragmatique est un être d'action, un manuel. C'est pourquoi, à l'école, il a du mal à rester assis et à être attentif aux explications rationnelles du professeur. Il aura tendance à bouger et à parler à ses voisins. C'est souvent le genre d'enfant avec lequel les enseignants ont des problèmes de discipline parce qu'il a beaucoup de mal avec le statisme et le silence. Aussi, ce qu'il préfère à l'école, ce sont les récréations, ces moments où il pourra faire du sport et parler à sa guise. Vous pouvez donc imaginer comme c'est pénible pour lui lorsque, à cause de son indiscipline, on lui retire ses récréations. Son champ d'intérêt n'est pas la connaissance abstraite mais le concret, le monde extérieur. C'est un être habile de ses mains qui a besoin de manier pour apprendre, qui a besoin de mouvement. «Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui», dira-t-il à haute voix.

Cet enfant manifeste une maîtrise exceptionnelle de la matière. Vous achetez un nouvel appareil ménager? Il saura le faire fonctionner en 30 secondes alors que son frère, rationnel, devra lire le manuel d'instructions. Il aime tout ce qui est concret, contrairement au rationnel qui a le sens de l'abstrait. Ne lui fixez pas d'objectifs à long terme. Pour lui, «un tiens vaut mieux que deux tu l'auras». Comme le temps est une donnée abstraite et que l'enfant pragmatique est centré sur la réalité concrète, il ne peut fonctionner que dans des objectifs à court terme. Il vit dans le présent et non pour l'avenir. Donnez-lui le choix entre une récompense maintenant et une autre, beaucoup plus alléchante dans six mois, il choisira probablement la première. L'autre est sans intérêt parce que, six mois, c'est trop long.

Cet enfant est un être de relation. Il aime avoir du monde autour de lui parce qu'il est très sociable. À l'école, il adore les travaux d'équipe. D'ailleurs, il a horreur d'être seul. Ne l'enfermez pas dans sa chambre pour étudier, il fera n'importe quoi sauf étudier. Fermez le poste de télévision, réduisez les bruits et laissez-le travailler à la table de cuisine; près de vous. Il sera beaucoup plus heureux. Ses relations intimes ne sont pas toujours satisfaisantes. Autant il est sociable et a toujours beaucoup d'amis, autant il a peur du monde émotionnel. Il aborde la souffrance psychique comme ses problèmes matériels. En effet, si vous avez de la peine, il ne vous écoutera probablement pas. Il aura plutôt tendance spontanément à chercher des solutions rapides pour faire disparaître votre douleur. Comme il a l'habileté de régler la plupart des problèmes d'ordre matériel, il vit très mal son impuissance à résoudre aussi facilement la souffrance psychique de ceux qu'il aime. Aussi, lorsque ses solutions échouent, il a tendance à trouver des moyens de se distraire pour fuir ses malaises et ceux des autres. Ses moyens privilégiés sont l'action et le sommeil. Quant il en sort, il a tout oublié et est prêt à passer à autre chose comme si rien ne s'était passé, laissant l'autre seul avec ses difficultés.

Le pragmatique n'est pas assez reconnu à l'école et dans la société. Sans lui, qui mettrait en action les belles théories des rationnels? Sa présence est indispensable. Bien des livres resteraient dans les tiroirs de leurs auteurs si nous n'avions pas de pragmatiques pour les mettre sur le marché. Bien des voitures seraient en panne si nous ne les avions pas pour les réparer. Et que dire de nos problèmes avec l'électricité, la plomberie, la menuiserie?

Éduquer un pragmatique, c'est le reconnaître pour ce qu'il est et donner autant d'importance à ses talents qu'à ceux des autres types. À la maison comme à l'école, donnez-lui des responsabilités. Il a besoin de se sentir utile. Pour le motiver à l'apprentissage, l'éducateur doit le faire passer par l'action et la relation. S'il limite son enseignement à des exposés théoriques et à des explications rationnelles, il perdra l'attention de ses élèves pragmatiques. L'enseignement magistral, qui convient aux rationnels, ennuie les jeunes dotés d'une intelligence pragmatique. Ils ont besoin d'être impliqués dans le mouvement et la relation à certains moments, sinon ils s'agiteront et perturberont la classe.

Enseigner à des élèves à «intelligences multiples», c'est varier les activités d'apprentissage de façon à les intéresser tous et de façon à ouvrir chacun sur d'autres manières d'apprendre pour qu'ils exploitent non seulement leurs propres modes d'apprentissage mais aussi d'autres façons de comprendre et de connaître.

bambi
   Posté le 22-04-2004 à 15:46:36   


Les esthètes
L'esthète jouit d'une intelligence sensitive. Le mot esthète, du grec aisthêtês signifie «celui qui sent». Il est un être qui perçoit le monde par les sens, le cœur et l'âme. Contrairement au pragmatique qui est tourné vers le monde extérieur, l'esthète est tourné vers l'intérieur. L'essentiel de sa vie se passe en lui-même. Au lieu de se réaliser par l'action sur la matière, il s'accomplit dans l'intériorité. C'est le jeune préoccupé par des réflexions profondes, celui qui cherche un sens à sa vie. «Qui suis-je? D'où est-ce que je viens? Où vais-je? Pourquoi la mort? Que se passe-t-il après la mort? Y a-t-il une âme?», voilà autant de questions qui le tracassent. Il est habité par le monde intérieur riche de sensibilité, de potentialités créatrices, de profondeur.

L'esthète sent la souffrance des autres. Il est très vulnérable et facilement affecté par la dysharmonie, le déséquilibre, le manque d'authenticité. Le rejet, le jugement, le ridicule, même subtils, le perturbent profondément. Percer le mystère de son univers intérieur demande beaucoup d'amour, d'acceptation et de tact. Se sentant incompris, il a plutôt tendance à se refermer sur lui-même et à se réfugier dans son monde imaginaire. Il se crée souvent un monde à part pour fuir la réalité ou mieux la supporter. Ce jeune aura tendance à s'isoler, à s'enfermer pour écouter la musique, peindre ou rêver. S'il ne rencontre personne en qui il a assez confiance pour livrer ses doutes, ses tourments et ses angoisses, il est très malheureux et risque même de s'autodétruire. À l'école, c'est l'enfant distrait, absent, rêveur. Au lieu de réagir à l'ennui par l'indiscipline, il fuira dans l'imaginaire et se rendra inaccessible.

L'éduqué qui présente une intelligence sensitive a pourtant besoin d'éducateurs capables de relations profondes, capables d'accueillir sans jugement sa tourmente intérieure, capables de prendre au sérieux ses préoccupations d'ordre métaphysique, psychologique et spirituel. Il a besoin de parents ou d'enseignants ouverts à l'intériorité. Architectes de l'âme humaine peu familiers avec l'analyse formelle, la logique pure, le travail pratique ou manuel, les esthètes sont plutôt à l'aise dans le monde polysémique des rêves, des symboles et des arts.

En résumé, si le rationnel est principalement un penseur et le pragmatique un bâtisseur, l'esthète est un artiste. À chacun ses forces. Chacun apporte sa contribution au monde. Il ne suffit pas de respecter leurs différences pour les ouvrir à celles des autres. Le rôle de l'éducateur est précisément de conjuguer les ressources de chaque type, de construire des ponts pour les mettre en relation plutôt que de creuser des fossés par les préjugés et des approches qui ne respectent pas les différences.

bambi
   Posté le 22-04-2004 à 15:47:16   

L'éducateur et les types d'intelligence
Beaucoup de personnes se vantent d'avoir développé tous les types d'intelligence. Il est possible, en effet, de s'ouvrir à tous les modes d'apprentissage et de faire fructifier toutes ses potentialités en ce sens. C'est d'ailleurs l'un des buts de l'éducation. Cependant, il est fondamental aussi d'admettre que nous sommes tous des êtres en devenir. Notre recherche d'ouverture est louable et essentielle mais elle n'aura aucun effet bénéfique sur l'éduqué si nous ne sommes pas conscients non plus de nos limites. Il est donc important que le parent ou l'enseignant se connaisse et soit conscient de ses modes d'appréhension de la réalité sans quoi il ne sera pas en mesure d'aider vraiment l'enfant à découvrir ses propres modes d'apprentissage.

L'éducateur le plus compétent n'est pas celui qui est doté de tous les types d'intelligences mais celui qui sait s'accepter tel qu'il est sans jugement. Celui-là seul saura faire évoluer l'intelligence des jeunes.

Une approche éducative qui a pour but de rendre heureux ne cherchera pas seulement à mener l'éduqué vers un idéal à atteindre mais partira simplement de ce qu'il est et, par la relation et l'acceptation, l'ouvrira à la différence et lui fera prendre conscience de son potentiel inexploré pour l'aider à l'exploiter.

bambi
   Posté le 22-04-2004 à 15:47:48   

Le parent pragmatique et l'enfant esthète
En tant que pragmatique, vous êtes tourné vers le monde extérieur. Votre enfant, au contraire, a plutôt tendance à s'intéresser aux mystères du monde intérieur. Vous avez besoin de nombreuses relations sociales et vous recherchez le contact, non la profondeur, ce qui n'est pas le cas de l'esthète qui veut rencontrer ce qu'il y a de plus intime en vous et qui aime la solitude. Vous êtes extraverti. Il est introverti. Vous vous intéressez surtout à la transformation du monde matériel et à la réalité concrète. Il s'intéresse à sa transformation intérieure et à la réalité psychologique et spirituelle. Comment vous rejoindre l'un l'autre?

Votre premier pas est de vous accepter tel que vous êtes sans vous dévaloriser et de faire de même avec votre enfant. De plus, il est essentiel qu'en tant qu'éducateur vous preniez la responsabilité de créer un climat de confiance favorable à la construction d'un pont d'harmonie entre vos différences pour que vous puissiez vous nourrir de vos richesses respectives. Votre enfant a besoin de vous et vous avez besoin de lui. Pour le rejoindre et lui apporter ce dont il a besoin pour se réaliser comme personne, vous devez ouvrir votre cœur à son intériorité. Il ne s'agit pas de devenir comme lui. Il s'agit plutôt de rester vous-même tout en cherchant les moyens de le toucher sur son propre terrain. Intéressez-vous à sa musique. Prenez le temps de vous arrêter, vous si actif, pour l'écouter en silence avec lui. Manifestez-lui votre attachement par un geste de tendresse et surtout prenez au sérieux ses préoccupations et ses intérêts même s'ils vous semblent inutiles. Vous découvrirez ainsi le monde qui vous habite et que vous n'avez pas apprivoisé. De plus, votre enfant se sentira normal et compris. Trop d'esthètes se suicident parce qu'ils ont le sentiment d'être inadaptés, incorrects et rejetés par leurs éducateurs.

Cette approche respectueuse sèmera la confiance dans le cœur de l'enfant. Si vous êtes honnête avec lui et reconnaissez vos forces et vos faiblesses, vous pourrez lui faire comprendre qu'il peut vous apporter beaucoup dans le domaine de l'intériorité et que, d'autre part, vous pouvez l'aider à apprivoiser la réalité concrète qu'il cherche à fuir. Il a en effet besoin d'apprendre à vivre davantage les deux pieds sur terre et à utiliser son imaginaire pour créer plutôt que pour s'éloigner du monde réel duquel il cherche à se soustraire pour ne pas souffrir. Vous aurez ainsi établi avec lui une relation constructive et bénéfique parce que fondée sur le respect.

bambi
   Posté le 22-04-2004 à 15:48:21   

Le parent rationnel et l'enfant pragmatique
Si vous êtes un parent ou un enseignant qui a surtout développé une intelligence de nature spéculative, vous êtes intéressé par la connaissance théorique et abstraite. Votre curiosité intellectuelle vous porte vers la recherche, l'analyse, le savoir. Vous trouvez beaucoup de plaisir à lire, à enrichir vos connaissances, à les comparer les unes aux autres, à en tirer de nouvelles déductions, à mettre en mots vos découvertes.

Le monde de l'abstraction et de la pensée vous est familier, ce qui n'est pas le cas de votre enfant pragmatique. Il préfère apprendre par l'expérience plutôt que par l'étude et la lecture. Il aura beaucoup plus de plaisir à démonter le moteur d'un appareil ménager et à le remonter qu'à lire des livres de philosophie. Il ne s'ouvrira à votre monde abstrait que si vous vous intéressez vraiment à ses talents manuels et si vous les valorisez. N'essayez pas d'en faire un chercheur. Ne rêvez pas de l'inscrire au doctorat en sciences pures. Par contre, vous pourrez peut-être, si vous l'acceptez tel qu'il est et si vous respectez ses modes d'apprentissage et ses intérêts, le voir s'orienter en sciences appliquées.

Quoi qu'il en soit, il a besoin tout simplement d'être reconnu avec le type d'intelligence qui est le sien, de sentir qu'il n'est pas inférieur à vous parce qu'il aborde le monde différemment et qu'il n'a pas les mêmes sources de motivation que vous. Peut-être choisira-t-il des voies plus pratiques telles celles de la mécanique ou de la menuiserie plutôt que des études universitaires. L'essentiel est qu'il soit heureux et que vous puissiez reconnaître qu'il a des talents que vous n'avez peut-être pas et des forces qui méritent d'être exploitées et valorisées.

bambi
   Posté le 22-04-2004 à 15:48:54   



Le parent esthète et l'enfant rationnel
La relation entre ces deux types de personnes est souvent difficile parce que l'enfant à l'esprit cartésien, structuré dans ses pensées, fidèle aux lois de la logique et de la cohérence, aura du mal à s'accommoder d'un parent plutôt désordonné, aux idées en apparence étranges, aux goûts excentriques, aux comportements qui lui paraissent bizarres.

Ce genre d'enfant souffre de ne pas avoir un parent comme les autres. Il est parfois gêné que son père ou sa mère ne soit pas conforme à la norme. À l'époque de la puberté et de l'adolescence surtout, il risque d'avoir honte de ce parent fantaisiste et même de le rejeter si ce dernier n'est pas un éducateur averti. J'ai connu cette expérience avec ma fille qui, lorsqu'elle avait environ quatorze ou quinze ans marchait derrière moi sur le trottoir parce qu'elle n'approuvait pas ma façon de me vêtir et qu'elle en avait honte. Fort heureusement, nous avons pu en parler. C'est d'ailleurs le moyen le plus efficace et le plus à la portée de l'éducateur. Il est important, pour favoriser sa démarche éducative et maintenir le climat de confiance nécessaire à la relation, qu'il communique avec l'enfant, qu'il écoute ses malaises et respecte sa différence. S'il reconnaît ses forces et ses limites, il apprendra sûrement à se structurer davantage et à transmettra à son enfant une ouverture à la fantaisie qui, sans lui enlever ses richesses d'ordre spéculatif, le rendra plus souple et plus créateur.