| bambi | Simplement Moi ! | Administrateur | | 8393 messages postés |
| Posté le 06-04-2004 à 11:31:50
| Rocher Panet « Une misérable dont la légende a étouffé le nom et la honte, avait osé vendre au démon, en échange de déshonorantes passions, son âme immortelle, et ses éternelles félicités. L'esprit impur ne parut pas satisfait du marché; il voulut aussi posséder le corps de son infortunée victime. Abusant de sa puissance, son infernale malice la jeta sur le rocher qui ne présentait pas l'aspect triste d'aujourd'hui: on eut dit une émeraude flottant sur les ondes, étalant la verdeur des arbrisseaux et les teintes de ses fleurs. Mais sitôt que le pied maudit la vint toucher, les corolles se replièrent flétries, les arbrisseaux périrent desséchés! Depuis plusieurs semaines, semaines d'angoisse et d'épouvante, elle était là, cheveux épars, secouant des bras noircis, clamant plus fort que les vagues. Souvent dans l'exaltation et les crises de désespoir, la malheureuse se précipitait éperdue au milieu des flots, et les flots effrayés la remettaient soudain sur son rocher et s'enfuyaient d'horreur! La paroisse entière fut le témoin atterré de ces scènes lugubres; nul ne les pouvait envisager sans frémissement, et quelques-uns moururent de convulsions de terreur. Les mères défendaient aux enfants de regarder le rocher maudit et les grandes personnes se signaient à son aspect. Le saint Curé, lui, paraissait seul ne pas savoir le fait, ni s'en émouvoir; mais dans son intention, il suppliait le ciel qu'un si exemplaire châtiment vint enraciner au fond des cœurs la répulsion et la haine du vice ignominieux. Cependant, un jour, un groupe consterné accourut le conjurer de rendre la paix au village, en adjurant le diable de livrer sa victime et de retourner à son éternel supplice. Un instant le pasteur se recueille, lève au ciel des yeux calmes qui s'emplissent de larmes; puis joignant ses mains longues et décharnées: « J'y vais, mes enfants, dit-il; mais vous, priez, priez encore, priez toujours! » À ces mots il s'embarqua sur les vagues houleuses, guidant lui-même son esquif. Les paroissiens échelonnés en longue file sur la rive, le front dans le sable, récitaient avec ferveur les psaumes de la pénitence. En voyant approcher d'elle la barque, la malheureuse se prit à se tordre sur le roc, poussant des hurlements à faire peur et pitié à la fois. Le prêtre cependant avait laissé l'embarcation et, pieds nus, lentement gravissait le rocher, lorsque soudain il se voit en face du hideux personnage, à l'œil enflammé, à la respiration entrecoupée; une main se crispait dans sa chevelure humide, l'autre, d'un geste menaçant montrait les flots en courroux; la lutte allait s'engager entre l'ange de Dieu et Satan invisible. La peur circule à travers les rangs, au rivage. Par un de ces pressentiments qui lui sont habituels, le saint vieillard en est averti, et, se retournant vers ses fils, il trace un long signe de croix qui fait rugir la possédée mais rend aux enfants la confiance: ils se remettent à prier. Le prêtre aussitôt récite avec force les foudroyantes formules de l'exorcisme auxquelles le diable terrorisé se voit contraint d'obéir en maudissant. Cette fois, il se décide pourtant à la résistance, et une scène terrible se déroule sur le rocher qui tremble d'abord, puis bondit comme un vaisseau qui va sombrer; d'affreux hurlements échappent de tous les autres, et l'infortunée, se frappant la tête contre les pierres, vomit des propos d'enfer; quand tout à coup elle disparaît au sein des flots amoncelés. Aussitôt un énorme nuage voile le ciel de noir, le tonnerre roule les échos de sa grande voix, et les éclairs agitent dans les nues des épées de feu. Ô Dieu! venez à notre aide; Seigneur! hâtez-vous de nous secourir, criait la foule du rivage: Ô Christ, qui avez délivré Madeleine des sept démons qui tenaient son âme captive, écoutez ma prière, soupirait le blanc vieillard sur le rocher. L'heure est à l'angoisse commune, mais le ciel exauce les vœux. Dieu, par un prodige, vient fortifier l'espérance de son serviteur. Le roc, s'amollissant comme l'argile, garde l'empreinte de son pied droit, et, au même lieu, jaillit une source pure et intarissable. L'âme de l'apôtre, touchée d'une main invisible, se sent frémir et est inondée de douceur: Seigneur, vous lui ôterez son cœur de pierre pour lui en donner un qui soit docile; vous ouvrirez dans ses yeux la source des saintes larmes qui appellent le pardon, et son pied s'affermira dans vos voies. Aux accents de la prière la rosée descend des cieux. Soudain une vague écumante jette aux pieds du prêtre le corps de la jeune fille. A-t-elle péri? Non, non! Un frisson secoue les membres, les paupières s'ouvrent toutes grandes et le regard s'attache au bienfaiteur; quel regard! il se baigne d'une gratitude infinie! Heureuse, elle se relève vivement et murmure une prière de foi et d'amour. Tandis que le prêtre baisse sa haute stature, et que ses cheveux blancs ombragent comme un voile pudique la tête de la pécheresse, elle fait les aveux du repentir. Aux premières larmes qui jaillissent de ce cœur renouvelé, le ciel reprend ses teintes d'azur, le soleil déverse des gerbes lumineuses, et le rocher et les deux personnages paraissent, comme nimbés d'or: les anges voient la main du prêtre se poser pour effacer les dernières taches d'une honte qui n'est plus. Là-bas, sur la rive, les larmes coulaient réconfortantes. Et lorsque la lionne rugissante, devenue brebis docile, se mit à suivre pas à pas le pasteur, un long cri de triomphante admiration jaillissant de toutes les poitrines, alla expirer jusqu'au rocher. Un siècle a passé, et les paroissiens de l'Islet, sauvegardent de l'oubli, dans un souvenir fait de respect et d'admiration, la vie et l'œuvre du héros de ce drame. Sa mémoire survit dans l'appellation du rocher qu'ils vous montrent: le Rocher Panet. Ô prodige! l'oeil du touriste aperçoit encore la mystérieuse empreinte; sa main puise à la source qui n'a pas tari: est-ce une attestation d'en haut en faveur du saint Curé? Si la foi antique semble trop crédule, n'est-elle pas la sève qui alimente dans les foyers chrétiens, la simplicité des mœurs pures, la verdeur des pratiques religieuses, la floraison des vertus, la maturité des oeuvres charitables? Que Dieu protège et développe une foi vigoureuse dans ces âmes chrétiennes, tendres et fortes! Que leur piété place encore, dans un coin de la plus belle armoire, à côté de l'Évangile et de l'Imitation, l'urne traditionnelle: Eau du Rocher Panet ! » J.T. Jemmat
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| Posté le 06-04-2004 à 11:32:22
| La Corriveau Marie-Josephte Corriveau était la fille de Joseph Corriveau et de Françoise Bolduc, de Saint-Vallier de Bellechasse. Joseph et François eurent neuf enfants, dont Marie-Josephte «La Corriveau» qui naquit le 14 mai 1733. À seize ans, Marie-Josephte épousa Charles Bouchard qui était alors agé de 23 ans et était cultivateur. Pendant les onze années qu'ils vécurent ensemble, ils eurent trois enfants. Puis, Charles mourut de façon soudaine sans que personne ne puisse en expliquer vraiment la cause. Cette mort étrange et inopinée fit courir bien des rumeurs. On racontait que Marie-Josephte, fort jalouse, s'était débarassé d'un mari un peu trop libertin à son goût, en lui versant du plomb fondu et bouillant dans une oreille alors qu'il dormait. Cependant on ne put jamais rien prouver et Marie-Josephte, épousa après quinze mois de veuvage, Louis Dodier. Quelques mois plus tard, Louis mourait à son tour. On le trouva au petit matin, dans un enclos à chevaux, la tête écrasée. Cette fois, la justice fit enquête. «La Corriveau», jouant d'astuces et de perfidie, fit tant et si bien qu'elle convainquît son père, Joseph Corriveau, de s'avouer coupable du meurtre de Louis. Un premier procès eut lieu au couvent des Ursulines à Québec. Un tribunal militaire formé de douze officiers anglais condamna à mort Joseph Corriveau. Ce même tribunal condamna aussi Marie-Josephte à 60 coups de fouet sur un dos nu et on devait aussi la marquer d'un M (pour meurtrière) au fer rouge, à la main gauche. Elle était accusée de complicité. Ces sentences ne furent jamais exécutées. Le pauvre Joseph affirma à un père Jésuite son innocence et désigna sa fille comme seule responsable du meurtre de son mari. Quelques jours plus tard, la Cour s'étant à nouveau consultée, entendit les aveux de Marie-Josephte s'avouant coupable d'avoir tué son mari de plusieurs coups de hache durant son sommeil, de l'avoir trainé à l'écurie pour tenter de faire croire qu'un cheval lui avait écrasé la tête. Cette fois le verdict tomba et la sentence disait: «Marie-Josephte Corriveau sera mise à mort pour ce crime et son corps sera suspendu dans les chaînes, à l'endroit que le gouverneur croira devoir désigner.» L'exécution eut lieu sur les Buttes-à-Nepveu, près des Plaines d'Abraham. Son cadavre fut mis dans une cage de fer accrochée à un poteau, à un carrefour de Lévis. On décrocha la cage seulement en mai après des demandes répétées des habitants de Lévis qui disaient entendre des plaintes, des grincements des crochets de fer de la cage et d'autres bruits nocturnes venant du carrefour. La cage fut très probablement enterrée dans le cimetière derrière l'Église du village puisque en 1840, lors de l'agrandissement du cimetière, on retrouva la cage avec quelques ossements. Elle fut vendue à l'impressario Barnum, de New York, qui l'exposa comme curiosité pendant plusieurs années.
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